Bourrasque à la dernière minute
Une interview avec le duo folk/trad' du Lot, qui a remplacé Bégayer au pied levé.
Laissez-moi vous raconter comment j’ai interviewé Bourrasque à Paris alors que c’était pas prévu. Je trouve que le récit des coulisses illustre assez bien ma manière de fonctionner, notamment sur le poids du réseau et des entretiens passées dans l’obtention d’une interview, même à la dernière minute.
Comme d’habitude, l’épisode s’écoute sur Radio Panik, Radio Campus Paris mais aussi Spotify, Apple, Youtube, Deezer et autres plateformes plus confidentielles.
D’abord un petit mot pour présenter Bourrasque, un duo que j’aime beaucoup, composé de deux musiciennes vivant dans le Lot : Elisa Trebouville au banjo et Marthe Tourret au violon. En plus, elles chantent toutes les deux, parfois en français et parfois en languedocien (un des dialectes de l’occitan). En 2023, Bourrasque a sorti un ambitieux double album Soit la nuit, soit le jour où l’on retrouve, entre autres, Jacques Puech à la cabrette sur trois morceaux. Elles sont également membres du collectif de musiciennes La Crue qui a sorti l’année dernière le premier album de la création qui a lancé le collectif : Bòsc. C’est pour moi le meilleur album français sorti en 2024. Je n’ai pas hésité à le dire sur I Only Listen to French Music et sur Goûte Mes Disques.
Bégayer, l’occasion manquée
Je savais déjà que je devais aller à Paris en décembre quand j’ai reçu une invitation de Murailles Music pour couvrir leur dernière soirée de dé-fête, leur tournée d’anniversaire pour les 20 ans de la structure. J’ai plutôt bon rapport avec Murailles puisque j’ai interviewé Julien Courquin, directeur artistique et un des fondateurs. Ils me proposaient de venir interviewer l’isérois Loup Uberto, du groupe Bégayer, qu’ils suivent presque depuis le début.
Sous l’impulsion de la Plateforme SIWA, le laboratoire artistique itinérant des mondes arabes contemporains à Paris, Bégayer joue depuis un moment avec des musiciens de la ville de Redeyef en Tunisie. Le groupe s’appelle l'Économat Redeyef en hommage à leur local, l’ancien magasin général des mineurs réinvesti par les habitants. Pas (encore) de disque sorti sous cette collaboration mais il existe une compilation des collectages de Loup Uberto à Redeyef, sorti sur Les éditions Face Z, un label suisse dirigé par Vincent Bertholet, que j’avais interviewé à Forest en 2023 lors de son passage avec l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp.
Le reste de la prog’, c’était Craze, inconnu au bataillon mais on y reviendra, et le duo Bourrasque que j’adore. Bourrasque ne fait pas partie du catalogue de Murailles mais elles étaient invité pour compléter une affiche portée sur les musiques trad’. Problème : c’était un jeudi soir. Et comme le savez tous et toutes ici, le jeudi soir c’est Mappemonde sur Radio Campus Paris et il est obligatoire pour moi de participer à l’émission si je suis un jeudi soir à Paris. C’est écrit dans la convention collective de Mappemonde.
Après moult tergiversations, je décide néanmoins d’accepter l’interview sans assister au concert, sacrifice ultime. J’arrive en train à Paris le jour-même et, après un passage éclair à la radio pour récupérer des micros et poser mon sac, je fonce à la Porte d’Aubervilliers. J’arrive à la Station au moment des balances de Bégayer et compagnie. Je suis donc en avance et je me pose dans un coin pour observer. Il fait froid sa mère parce que la grande salle de la Station semble être faite en tôle. Après une heure, Loup Uberto m’annonce qu’il ne pourra pas réaliser l’interview, pour une très bonne raison qu’il ne convient pas vraiment de divulguer ici. De toute façon, je n’essaye jamais d’imposer une interview à qui que ce soit. Je pars du principe que j’ai toujours un bénéfice à en tirer (ici, assister à des super balances).
Bourrasque à la rescousse
Je m’apprête à partir quand je me dis que ce serait quand même dommage de pas essayer d’interviewer Bourrasque, qui était d’office le groupe que je connaissais le mieux. Celles-ci acceptent malgré le froid, la fatigue et le planning serré. Je pense qu’en expliquant que j’avais déjà interviewé de nombreux musicien·ne·s de la scène (Toad, Barrut, San Salvador, Cocanha, etc.), j’ai réussi à les convraincre que j’étais pas un bolosse. Mais je n’ai donc qu’une vingtaine de minutes pour préparer l’interview dans mon coin pendant qu’elles finissent leurs balances.
On cherche un local adéquat pour réaliser l’interview dans ce gruyère thermique et sonore qu’est La Station et on finit par s’installer dans leur toute petite loge qui a l’avantage d’avoir une porte et un radiateur. Après une dizaine de minutes, Craze entre en scène pour son soundcheck. C’est le projet drone au biniou de Tangui Le Cras. Un truc incroyablement beau et fort qui a fait trembler les murs de toute la Station.
Vous entendrez rapidement pendant l’émission qu’il était difficile d’échapper à ce son. Personnellement, j’adore. Je trouve que cela ajoute une tonalité apocalyptique à l’interview. Avec Elisa Trebouville et Marthe Tourret, on a donc parlé de leur éducation musicale, de collectes, du massif central, de leurs camarades de labels et de la création dans les musiques traditionnelles.
Une des conséquences malheureuses de cette préparation à la dernière minute, c’est une approximation inhabituelle dans les questions. Je suis jamais à l’abri d’une petite boulette mais je dois avouer que je me suis planté plus que d’habitude. Ce qui a pu provoqué certaines incompréhensions. J’espère qu’elles ne m’en tiendront pas rigueur. Par transparence, j’ai laissé toutes mes questions hasardeuses dans l’échange. En plus, c’est plus rigolo ; vous pouvez vous moquer de moi.
Pour rappel, l’épisode s’écoute sur Radio Panik, Radio Campus Paris mais aussi Spotify, Apple, Youtube, Deezer et autres plateformes plus confidentielles.
La revue de presse
Malgré la formation à Bastia qui me prend du temps, j’ai réussi à me laisser convaincre de chroniquer le premier album d’Oklou pour Goûte Mes Disques. J’y parle de Grimes, du Grand Budapest Hotel, de Final Fantasy IX et d’hyperpop (c’est pas un album d’hyperpop).
Sur mon blog en anglais, en plus de l’article sur les meilleurs disques de 2024, déjà partagé plus haut, j’ai écrit un article sur :
un hommage à Gabriel Yacoub du groupe Malicorne, décédé le 22 janvier 2025
Dans le prochain épisode de The Locomotion
La dernière interview de 2024 a été enregistrée dans un appartement bordelais juste avant un concert intimiste de Vincent Bestaven (anciennement connu sous le nom de Botibol) et Rüdiger (c’est son nom de famille), deux musiciens avec de fortes attaches avec le Pays Basque. Une interview très joyeuse !
L’interview sera diffusée le vendredi 21 février sur Radio Campus Paris et le 7 mars sur Radio Panik à Bruxelles. The Locomotion est maintenant disponible pour une diffusion sur l’intégralité du réseau des Radio Campus. Donc si vous êtes programmateurice, n’hésitez pas.