Edi Pou parle de son projet ZA! & la TransMegaCobla
Découvrez les coulisses de l'interview à Barcelone avec le musicien catalan.
Suite au fiasco de l’enquête du mois dernier qui a révélé le faible lectorat de cette newsletter, je vous annonce que la taille de celle-ci va s’en retrouver très réduite et qu’elle sera surtout écrite d’une traite, pour éviter les tergiversations. Mais si un éditeur venait par hasard à passer par ici, je serai ravi de publier cette interview en intégralité au sein de votre publication. Je garde néanmoins le concept de playlist augmentée car c’est toujours sympa d’avoir des liens Youtube.
J’ai rencontré Eduard Pou dans la Cafeteria Garganta La Olla, un bar de quartier près du Nau Ivanow. Un centre culturel qui lui sert de local de travail et de répétition quand il est à Barcelone. En effet, Edi Pou n’y habite plus depuis plusieurs années, il est maintenant à Calonge i Sant Antoni, un peu plus au nord, toujours sur la côte catalane.
C’est Marta et Héléna, du duo Tarta Relena, les premières invitées de The Locomotion, qui m’avaient conseillé d’interviewer Edi Pou quand j’étais de passage à Barcelone, pour le Primavera Festival. C’est parce que Tarta Relena se retrouve avec le monsieur dans un projet au nom à rallonge : ZA! & la TransMegaCobla.
Un supergroupe local qui rassemble Za!, le duo composé d’Edi Pou et Pau Rodriguez, Tarta Relena donc, duo polyphonique avec le vent en poupe, et quatre musiciens locaux qui tournent de temps en temps sous le nom de MegaCobla.
“Cobla” étant le terme consacré pour parler d’un ensemble d’instrument à vents traditionnels de la Catalogne. Les quatre membres de la MegaCobla sont également membres de la cobla la plus célèbre de Catalogne, donc du monde, la Cobla Sant Jordi, qui fait office de fanfare municipale.
En juin dernier, il était difficile de rentrer chez Ultra Local Records ou el Genio Equivocado sans remarquer cette grande pochette au fond bleu. Le disque est décrit par Edi comme “une célébration de la Méditerranée comme une union et pas une frontière” car, rajoute-t-il, “tu peux marcher autour de la Méditerranée et la musique traditionnelle va évoluer graduellement”, sans coupure nette.
La musique, construite autour d’un language d’improvisation continue créé par Za, peut parfois faire penser au zeuhl, ce sous-genre cosmique du rock progressif qui met l’accent sur la polyphonie et les instrumentations farfelus. Un terme qui a été inventé pour le groupe Magma.
Parmi les curiosités du disque, en dehors d’un texte d’accompagnement faussement ethnomusicologique qui rend hommage à Marcel Proust et Alan Lomax, il y a le choix de la langue pour les chants.
Pour récréer cette idée d’une culture méditerranéenne alternative, Elena nous a proposé de chanter en phénicien. C’est une langue morte qui était présente dans toute la Méditerranée. Les phéniciens étaient un peu le premier empire, sans être tout à fait impérialiste. Ils n’imposaient pas leur culture où ils s’installaient. Or, il se trouve que Maria Josep Estanyol, la dernière professeure experte en phénicien au monde, est catalane. A 90 ans passés, elle a répondu en cinq minutes quand on lui a envoyé un email pour lui demander de l’aide pour le projet.
Les deux chanteuses de Tarta Relena nous ont déjà habitué à interpréter des langues vivantes ou mortes de la Méditerranée puisque celles-ci chantent des chansons originaires de Crète, de Corse, ou encore des Baléares.
Pour donner un peu plus de background, le duo Za! a été fondé il y a presque 20 ans par Edi Pou (plutôt à la batterie) et Pau Rodriguez (plutôt à la guitare). Deux jeunes punks ayant grandi dans des villages au nord de la Catalogne, terreau de musique punk DIY, qui ont d’abord fait une musique plutôt rock hardcore avant de partir vers des terres plus psychés. “Je crois qu’avec Za on a fait une évolution en ouvrant les oreilles et oubliant nos préjugés” dit Edi Pou. “Au delà de nos influences anglo-saxonne, on a su utiliser les outils de la musique traditionnelle pour composer de la musique contemporaine”.
On a ensuite parlé de la difficulté d’organiser des tournées dans une industrie musicale en transformation et de l’influence positive et négative du Primavera Festival. Puis on a causé de la scène espagnole, de la musique traditionnelle et plus spécifiquement de Rosalía. Vous pouvez écouter tout ça dans le podcast de l’émission.
C’était difficile de résumer tous ses projets en une heure donc gardez les oreilles ouvertes pour la prochaine collab’ de Za! avec le chanteur flamenco Tomás de Perrate, prévue pour 2024.
Ou jetez-vous sur un des rares morceaux solos d’Edi Pou, sortis sur Minimaximalism, un split album sorti en avril dernier, avec Hassan K. (un franco-iranien qui vit à Lille).
Un truc dont on n’a pas beaucoup parlé (quand l’enregistreur tournait en tout cas) c’est los Sara Fontán, son autre duo, un poil plus expérimental, avec la violoniste Sara Fontán. Le duo sort très bientôt son premier album, dont vous pouvez découvrir un des quatre premiers morceaux en jouant à un (court) jeu en ligne.
Los Sara Fontan sont également impliqué.e.s dans un autre projet : le spectacle 4132314, entre théâtre et musique, avec deux autres formations musicales : Tarta Relena encore et toujours, et le génial duo occitan Cocanha, originaire de Toulouse, que j’espère un jour pouvoir interviewer.
Pour le prochain épisode de The Locomotion
J’ai eu la chance de pouvoir interviewer le trio Toad qui se produisait aux Instants Chavirés à Montreuil pour trois jours de fête consacrés au collectif La Nòvia. Un trio dont la musique, aussi inhospitalière qu'envoutante, est fortement inspirée par les musiques traditionnelles du centre de la France. Une interview featuring Maud Herrera (chanteuse et violoniste alto sous le nom de Tal Coal), invitée par la Nòvia pour le bal.
L’interview sera diffusée le jeudi 28 septembre à 15h sur Radio Panik et le lundi 9 octobre à 22h30 sur Radio Campus Paris.