Suzan Peeters: "La vibration passe par ma jambe directement dans le soufflet de l'accordéon"
Une interview avec Suzan Peeters, une accordéoniste expérimentale belge, après son concert dans la chapelle du grand Hospice de Bruxelles pour Divagation.
Il y a quelques temps, j’avais interviewé de Suzan Peeters après son concert dans la chapelle du Grand Hospice pendant l'une des messes de Divagation. Suzan Peeters est une accordéoniste et compositrice expérimentale, originaire de Gand mais maintenant basée à Bruxelles.
J’avais déjà parlé de Divagation dans un entretien précédent avec Lem. Ca vaut le coup de se répéter. C’est une entité itinérante qui organise des concerts à jauge réduite dans des lieux insolites de la région capitale. Il reste encore deux concerts en mode camp d’été au Camping 58, le 16 et le 30 août. Venez.
Si vous faites gaffe, c’est l’épisode le plus court disponible sur Spotify. C’est également ma première invitée flamande ! L’entretien a été réalisé en anglais. On a parlé de son matos inhabituel (un tabouret qui tourne et une machine à masser les pieds) et de ses projets d'avenir. Il y a beaucoup plus de lien Soundcloud que d’habitude parce qu’on parle d’une artiste qui n’a pas encore publié quoi que ce soit.
Un point sur l’été
Les podcasts pour les épisodes de Typhon et Phoenician Drive sont disponibles sur Spotify et les radios respectives, mais pas encore en newsletter. C’est l’été pour The Locomotion et cela demande beaucoup de travail de retranscrire les entretiens fidèlement. Comme Radio Campus Paris a refait son site, c’est très joli mais les podcasts sur Spotify pourront avoir quelques turbulences durant l’été. Mon téléphone est cassé donc Instagram lague un peu également. Si cela vous fait de la peine, n’hésitez pas à opter pour un abonnement payant pour soutenir The Locomotion.
Cinq questions à Suzan Peeters
Combien de temps avez-vous étudié l'accordéon ?
C'est une période assez longue. J'ai commencé à l'âge de 8 ans, ce qui fait que j'ai passé 10 ans à l'Académie de musique, jusqu'à l'âge de 18 ans, puis au Conservatoire, pendant encore cinq ans. J'ai obtenu mon diplôme en juin de l'année dernière. Maintenant, je suis en train d'étudier un bachelor en électronique live à Bruxelles. C'est une formation assez nouvelle. Mais je voulais approfondir l'électronique pour apprendre à l'utiliser dans mes concerts, en essayant de la combiner avec mon accordéon, le grand et le petit.
Comment fonctionne la planche de massage des pieds ?
La partie centrale de l'accordéon s'appelle le soufflet. C'est ce qui s'ouvre et se ferme pendant que je joue. On peut faire beaucoup de choses avec. Quand on le met sur la jambe et qu'on commence à secouer la jambe, le son vibre. C'est ce que je faisais souvent parce que j'aimais l'effet, mais ma jambe n'est pas très stable. C'était aussi très épuisant. C'est pourquoi j'ai décidé d'acheter une planche de massage pour pied, car je savais que si je posais ma jambe dessus, la vibration passerait par ma jambe directement dans le soufflet de l'accordéon. J'étais heureuse comme un enfant lorsque la planche de massage est arrivée à la maison. Je l'ai essayé et c’était exactement comme j'avais imaginé. Vous pouvez également modifier la vitesse de la planche de massage : plus j’augmentez la vitesse, plus l'accordéon se met à trembler rapidement. C’est comme cela que j’obtiens cet effet d'oscillation que je ne ne peux pas obtenir autrement qu'en utilisant cet appareil, du moins pas de manière acoustique. C'est àa qui est génial : cela sonne très électronique alors que c'est en fait prodiuit en acoustique.
Qu'avez-vous joué pour ce spectacle ?
C'est en fait la première fois que je joue sur une chaise tournante. C'est quelque chose que je voulais vraiment essayer dans cet espace, dans cette chapelle en particulier, parce qu'évidemment c'est un espace rond. Les carreaux sont en cercle, les dessins sur les carreaux sont en cercle, donc c'est agréable de s'asseoir au milieu de ce cercle sur une chaise tournante. J'étais curieuse de savoir quel effet cela produirait de tourner autour alors qu'en tant qu'auditeur, vous restez assis dans votre espace fixe, de sorte que le son s'éloigne de vous et revient, puis de nouveau s'éloigne et revient encore. C'est quelque chose que je voulais vraiment essayer ici. Je me suis un peu entraînée pour m'assurer que je ne tomberais pas de la chaise parce que parfois je me tourne très brusquement et cela peut devenir délicat et me donner un peu le vertigine. Mais j'ai gardé mon calme pendant le concert. Je le referai, mais de manière plus agressive.
Aimez-vous vivre à Bruxelles ?
Gand est une ville agréable où il y a beaucoup de concerts, mais à Bruxelles, c'est encore mieux. Chaque soir, il se passe quelque chose. En ce moment même, un ami m'a dit qu'il y avait un autre concert ce soir à la Brasserie Atlas. Il se peut que j'y aille aussi après ce concert. Il se passe tellement de choses. Il y a tant de grands artistes à découvrir. J'apprécie vraiment de vivre ici et de découvrir de nouvelles musiques.
Avez-vous l'intention de publier quelque chose ?
Pas encore, mais j'y travaille. Je collabore actuellement avec le label Blickwinkell. Ils me donnent beaucoup de liberté pour travailler sur mon propre tempo, ce qui me permet de prendre mon temps pour expérimenter. Je trouve qu'il est difficile de faire de la musique sur vinyle parce que c'est tellement permanent. Cela me fait un peu peur parce qu'on ne peut rien changer. En revanche, lorsque vous jouez en concert, chaque performance est différente et vous pouvez toujours ajuster les choses et essayer de nouvelles choses. C'est ce que j'apprécie le plus en ce moment, trouver de nouveaux sons et explorer un peu plus avant de les fixer sur un vinyle ou quelque chose comme ça. Mais ça viendra. Je prends mon temps.
La playlist augmentée
J'ai joué à La Haye et il y avait un autre groupe qui s'appelait Alto Fuero. Ils viennent de Bruxelles ou l'un d'entre eux vient de Bruxelles et l'autre de France. Il s'agit de touches, de percussions électroniques et de voix. C'est un groupe incroyable. Je suis devenu un grand fan d'eux parce qu'ils sont vraiment sympas et que leur performance en live est une expérience folle. Ils sont vraiment, vraiment bons. Je pense que c'est une bonne représentation de la scène bruxelloise parce qu'ils sont expérimentaux, mais aussi groovy. Lorsqu'ils jouent ensemble, on voit qu'ils s'amusent vraiment. C'était très agréable de les écouter et de les regarder. C'est un duo vraiment sympa.
Quels sont vos morceaux d'accordéon préférés ?
Je suis une grande fan d'Emilie Škrijelj, dont j'ai toujours du mal à prononcer le nom. Je l'ai découverte l'année dernière alors que j'écrivais ma thèse sur l'accordéon et la musique électronique. Emilie Škrijelj le fait d'une manière super extrêmement cool. C’est une grande source d'inspiration pour moi. Ce qu'elle fait est vraiment minimal, mais cela peut aussi devenir bruyant et rythmique. Elle utilise les accordéons comme des. Je suis une grande fan d'elle. Elle a aussi joué ici, dans la chapelle du Grand Hospice, il y a quelques semaines, et c'était une performance incroyable. Elle a sorti quelques trucs sur Spotify aussi.
Dans les prochains épisodes de The Locomotion
Le dernier épisode de la saison sera consacré à Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et sera diffusé le 24 août sur Radio Panik à Bruxelles et le 28 août sur Radio Campus Paris. J’ai plein d’invité.e.s déjà prévu.e.s pour la saison 2.